Discours : « Violences policières et brutalité d’état » du 12 novembre 2022

Ce texte est une retranscription du discours d’Outrage Collectif lors de la table ronde « Violences policières et brutalité d’état » durant la seconde édition du Paraponera Festival à Genève en novembre 2022. La retranscription n’a pas été adaptée à la version écrite afin de ne pas modifier son sens.

Bonjour à touxtes,

C’est avec grand plaisir que nous vous accueillons pour cette nouvelle journée de festival, dans notre deuxième édition du Paraponera 2022. 

La discussion à laquelle nous venons d’assister était riche, forte et porteuse d’espoir. Le sujet dont nous venons de discuter nous est important depuis nos débuts et je dois rappeler que le 6 novembre, dimanche dernier, cela faisait 6 ans qu’Hervé Mandundu était assassiné par la police à Bex. Cette mobilisation, en lien avec sa famille, a été et est toujours si importante à nos yeux. 

Il y a 4 ans, nous avons organisé une table ronde portant sur les mêmes questions. Nous avions eu la chance de pouvoir l’organiser avec les collectifs Jupiter et Jean Dutoit de Lausanne. J’en profite pour attirer votre attention sur la situation de Jean Dutoit. Aujourd’hui les 70 membres du collectif habitent un lieu délabré et insalubre trop petit pour touxtes les accueillir. Iels cherchent du soutien et des opportunités de relogement. 

Ces dernières années, l’actualité des luttes a été agitée par les luttes contre les violences d’Etat, en particulier contre les personnes en exil. La lutte contre le système des centres fédéraux et la construction du centre de renvoi du Grand-Saconnex, le collectif Lutte des MNA, qui luttait contre l’indignité des conditions de vie que l’Etat leur imposait ou la lutte pour des conditions de vie dignes pour les mineurs et jeunes majeurs hébergés au foyer de l’Etoile. Cette semaine a lieu le procès d’un Securitas qui avait brutalisé des jeunes. Ces luttes sont quelques exemples genevois d’une situation commune à la Suisse et à l’Europe, et demandent toute notre solidarité et nos soutiens car elle touche des personnes parmi les plus isolées et vulnérables.

Comme cela a été mentionné durant la table ronde de hier sur les perspectives de lutte, nous sommes convaincues (Outrage Collectif) de l’importance de partir des situations vécues dans nos contextes propres, nos villes, nos rues, nos quartiers pour pouvoir créer des solidarités plus globales qui sont nécessaires aussi car le racisme, en particulier anti-noir.exs, malgré ses spécificités, fonctionne sur la même base et structure que les systèmes de domination à l’échelle mondiale.

Parce que s’il faut retenir quelque chose de ces deux tables rondes, c’est la nécessité de faire collectif, d’être solidaire, de faire mouvement contre le racisme, le patriarcat, l’imperialisme, le capitalisme.

Que la réelle opportunité qui s’offre à nous c’est celle d’être ensemble pour faire vivre le monde que l’on veut vivre, à partir de nous, à partir de nos perspectives.  Ça ne va pas être évident, ça ne l’est pas, déjà. On se casse la gueule, on se relève, on continue, on répète des erreurs, on se fatigue. Mais ce sont des moments comme celui qu’on vit aujourd’hui qui nous rappellent à quel point il est nécessaire de se rassembler. C’est pour cela que l’on vous appelle à vous organiser politiquement, peut-être à fonder des collectifs ou à rejoindre ceux déjà existants, pour faire parler vos voix, et qu’ensemble on puisse se faire résonner, récupérer ce qui nous appartient et détruire les récits mensonger de la bourgeoisie blanche. Ses récits ont des conséquences sur nos existences via les médias, les institutions, les politiques. Ça va du manque d’accès aux ressources de base à la mort des plus marginaliséex des sociétés dans lesquelles nous vivons, dans lesquelles d’autres survivent.

Il y a une nécessité de lutter, de lutter parfois ensemble, de se respecter et de respecter les différents modes de lutte. Il y a une nécessité de soutenir les personnes concernées par différentes oppressions, sans les essentialiser, sans les infantiliser, et dans la confiance en leur autodetermination. Ce respect irreductible pour qu’on soit de plus en plus fort, et de plus en plus nombreuxses.

Outrage Collectif

Justice et vérité pour Mike Ben Peter

English version below

Le 1er mars marque les 5 ans de la mort de Mike, tué par des policiers à Lausanne. Pendant tout ce temps sa famille est restée sans réponses sur les circonstances d’une mort qui n’a cessé d’être justifiée par les médias et les responsables politiques. L’année passée, c’était la commémoration des 5 ans de la mort de Lamin Fatty et de Hervé Bondembe Mandundu entre les mains de la police. A combien de commémorations devra-t-on encore assister ? Ces 5 ans ont été des années de luttes et le mouvement antiraciste dont nous faisons toustex ici partie, tant les collectifs que les personnes mobilisées, devient plus solide de jour en jour. Nous avons été à chaque fois plus nombreux.ses et plus fort.exs dans les rues, nous avons resserré les liens de solidarité et de complicité qui nous unissent en Suisse et ailleurs dans la lutte pour le droit à la vie, à une vie digne sans les violences et les humiliations que font subir la police, les douanes, l’administration, l’asile. Cette solidarité on la cultive au quotidien dans les lieux d’organisation politique, en manif, dans nos rues, dans nos lieux de vie. Chaque jour la Suisse humilie, frappe, maltraite, viole, expulse et tue, et chaques jours nous ripostons : nous nous organisons, nous mobilisons, joignons nos forces, et nous battons contre la suprématie blanche. Au lendemain de la mort de Mike, certains médias et personnalités ont diffusés de fausses informations mettant la responsabilité sur la victime. Une campagne médiatique menée par un réalisateur gaucho de pacotille demandait le durcissement de la répression envers les « dealers ». Depuis, la justice a disposé de cinq longues années pour monter un procès qui peut-être condamnera des flics mais ne condamnera jamais le système qui demande ces violences. Et même si les flics assassins sont condamnés, ce serait pour homicide involontaire. Un verdict amoindrissant pour une mise à mort en bande, mais toujours mieux qu’un acquittement, comme cela l’a été pour les flics qui ont tué Hervé Bondembe Mandundu. Le système judiciaire ne rendra à nos yeux jamais justice pour nos morts. Parce que lorsque les flics tuent dans les commissariats et dans la rue, lorsque les Securitas tabassent dans les foyers et les centres d’asile, c’est parce que cette société considère les personnes racisé.exs comme des nuisibles. Et ce ne sont pas des demi-mesures réformistes, des éléments de langage, des formations soi-disant antiracistes d’une demi-journée pour les flics en formation qui vont changer la donne. Ces 5 dernières années ont achevé de nous le confirmer : nous n’avons rien à attendre de la justice, nous devons nous défendre par nous-mêmes, mener des enquêtes indépendantes comme Justice4Nzoy le font. Parce qu’il faut le dire et le répéter : la violence et la raison d’être et le moteur de leur système d’exploitation. Parce qu’à chaque fois qu’ils se cachent derrière leurs mots techniques, juridiques et médicaux, nous savons ce que cela signifie. Lorsqu’ils parlent de « contrôle de rue dans le cadre d’une opération anti-drogue », nous le savons : ça signifie traquer, pourchasser et souvent violenter les hommes noirs dans les rues. Lorsqu’ils parlent de techniques de contraintes, nous le savons : ça implique une douleur physique et un sentiment d’impuissance face à des agents en armes qui ont tout le pouvoir. Lorsqu’ils parlent de plaquage ventral et d’immobilisation, nous le savons : ça signifie écraser une personne de plusieurs fois son poids, pouvant cause des dommages irréversibles et parfois la mort. On veut nous faire croire que tout ça c’est pour faire régner l’ordre, maitriser, contenir, immobiliser, garder la paix sociale. Mais toutes ces techniques et tactiques policières sont juste des manières légales d’exercer la violence sur les corps noirs et racisé.exs. Pour nous, la police est violente, rien que dans sa présence. Parce que nous demandons justice et vérité pour Hervé, pour Lamin, pour Nzoy, pour Alireza et toustex les autres. Parce que nous demandons justice et vérité pour la famille de Mike et ses proches.

English version : 

March 1st marks 5 years since Mike was killed by police officers in Lausanne. All this time his family has remained without answers on the circumstances of a death that has been justified by the media and politicians. Last year, it was the commemoration of 5 years since the death of Lamin Fatty and Hervé Bondembe Mandundu at the hands of the police. How many more commemorations will there be? These 5 years have been years of struggle and the anti-racist movement of which we are all part, both the collectives and the people mobilized, is becoming stronger every day. We have been each time more numerous and stronger in the streets, we have tightened the bonds of solidarity and complicity that unite us in Switzerland and elsewhere in the struggle for the right to life, to a dignified life without the violence and humiliations that the police, the customs, the administration, and the asylum system inflict upon us. This solidarity is cultivated daily in the places of political organization, in demonstrations, in our streets, in our places of life. Every day Switzerland humiliates, hits, mistreats, rapes, expels and kills, and every day we fight back: we organize, mobilize, join forces, and fight against white supremacy. In the aftermath of Mike’s death, some media outlets and personalities spread false information blaming the victim. A media campaign led by a “leftist” filmmaker called for a tougher crackdown on « drug dealers ». Since then, justice has had five long years to mount a trial that may condemn cops but will never condemn the system that demands this violence. And even if the murdering cops are convicted, it would be for involuntary manslaughter. A lesser verdict for a gang killing, but still better than an acquittal, as it was for the cops who killed Herve Bondembe Mandundu. In our view, the judicial system will never deliver justice for our dead. Because when cops kill in police stations and on the street, when Securitas beat up in homes and asylum centers, it is because this society considers racialized people as pests. And it’s not reformist half-measures, elements of language, half-day so-called anti-racist trainings for cops in training that are going to change the situation. The last 5 years have confirmed that we have nothing to expect from the justice system, and we must defend ourselves, to conduct independent investigations like Justice4Nzoy does. Because it must be said and repeated: violence is the raison d’être and the engine of their operating system. Because every time they hide behind their technical, legal and medical words, we know what it means. When they talk about « street control as part of an anti-drug operation, » we know: it means stalking, chasing, and often assault Black men on the streets. When they talk about restraint techniques, we know: it means physical pain and a sense of powerlessness in the face of armed agents who have all the power. When they talk about belly tackling and restraint, we know: it means crushing a person by several times their weight, which can cause irreversible damage and sometimes death. They want us to believe that this is all about order, control, containment, immobilization, keeping social peace. But all these police techniques and tactics are just legal ways of exerting violence on black and racialized bodies. For us, the police are violent in their very presence. Because we demand justice and truth for Herve, for Lamin, for Nzoy, for Alireza and all the others. Because we demand justice and truth for Mike’s family and loved ones.

Rest In Power Mike

Campagne Justice4Nzoy

Nous soutenons le collectif Justice4Nzoy, luttant pour la vérité et la justice pour Roger Wilhelm Nzoy assassiné par la police en 2021, dans sa  recherche de soutiens financiers. La cagnotte pour la campagne se trouve ici: https://www.gofundme.com/f/fundraising4nzoy

Les bénéfices de cette campagne de l’alliance Justice4Nzoy iront aux proches de Nzoy, car …
… la famille de Nzoy doit jusqu’à aujourd’hui se battre pour obtenir un traitement juridique. Jusqu’à présent, ces efforts ont coûté environ 7’000 CHF.
… les frères et sœurs de Nzoy ont dû prouver leur relation proche avec leur frère avant de pouvoir déposer plainte. Ils ont été déboutés à deux reprises. Leur plainte élargie pour non-assistance à une personne en danger a également été rejetée, ce qui prouve la partialité du procureur.
… après plus d’un an, la vérité sur ce qui s’est passé n’a pas encore été établie. C’est pourquoi les proches de Nzoy doivent eux-mêmes engager des enquêteurs médico-légaux. La famille s’attend à des coûts de 80’000 francs.
… la famille doit partir du principe que le procureur, du fait de sa partialité, n’autorise que des expertises en faveur de la police. La famille doit donc payer elle-même les expertises supplémentaires nécessaires. Il s’agit de montants compris entre 5’000 et 10’000 francs par expertise.
…il n’est pas possible que la presse dispose de plus de preuves que le dossier du procureur.
… l’expérience a montré que le ministère public fait délibérément traîner en longueur les procès qui mettent en évidence le racisme mortel de la police. Ceci dans l’hypothèse où les plaignants manqueraient ainsi de moyens financiers. Par exemple, le cas de Mohamed Wa Baile, qui a traversé toutes les instances jusqu’à la Cour européenne, a coûté au total plus de 150’000 francs ; celui de Wilson A. plus de 500’000 francs.
… le travail de relations publiques fourni par la famille et les amis de Nzoy doit être soutenu. Ce travail important attire l’attention sur le profilage racial mortel pratiqué par la police suisse. Seulement dans le canton de Vaud, quatre hommes noirs sont décédés au cours des quatre dernières années entre les mains de la police, sans que celle-ci ne soit tenue de rendre des comptes. Jusqu’à présent, ce travail a coûté environ 15’000 francs.
Nous sommes heureuxes de chaque contribution!
MERCI !

 

PARARPONERA FESTIVAL 2022 : Le programme complet

 

 


 

 

(English version below)

EDITO

Qui sommes-nous?        

Un groupe de personnes dont la vie est directement impactée par le racisme systémique tant au niveau institutionnel que dans la vie quotidienne. Nous nous revendiquons de l’antiracisme politique et décolonial, travaillons collectivement à notre autodétermination et à notre empowerment.

 Pourquoi un festival antiraciste?   

Comme en 2018, nous constatons un réel manque d’espace de partage, de transmission et de rencontre autour de l’antiracisme politique et décolonial. Nous continuons ainsi à apporter notre contribution à ce champ politique en Suisse romande.

Les intervenant.e.x.s et les artistes   

Toutes les personnes invitées font l’expérience du racisme et apportent leur analyse critique autant à travers leurs expressions artistiques que par leurs contributions théoriques et leurs expériences de lutte. Nous invitons des artistes et intervenant.e.x.s de contextes locaux et internationaux. Lors de cette édition nous aborderons les questions de racisme systémique, de violences policières, de stratégies de luttes.

Les lieux 

Notre choix s’est fait en fonction de différent type d’accessibilité, que ce soit au niveau des transports et de la centralité mais également en terme de public. Nous avons ainsi choisi certains lieux de la vie alternative et culturelle genevoise pour nos activités mais aussi l’Université afin de faire exister dans ce lieu de pouvoir des analyses et des ressources théoriques qui en sont habituellement exclues.

Le prix libre 

Nous avons la conviction que les évenements gratuits ou à prix libre permettent une meilleure accessibilité au public concerné par les thèmes que nous abordons et participe à une meilleure inclusivité. Toutefois il est indispensable pour nous de rémunérer les personnes investies dans la lutte contre la condition sociale à laquelle ielles sont assigné.e.x.s afin de ne pas reproduire les inégalités existantes dans le monde du travail et dans la valorisation de leurs savoirs.

Le cadre 

La majorité des évènements du festival sont ouverts à tous.te.x.s, mais nous souhaitons encourager et faciliter l’accès aux personnes directement touchées par le racisme. Nous encourageons donc les personnes racisé.e.x.s à venir occuper les premières places durant tout le festival.

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LE PROGRAMME DU PARAPONERA FESTIVAL 2022

JEUDI 10 

Paraponera exposition
18:00 – 22:00 Espace d’art Forde

Vernissage de l’exposition collective curatée par Outrage Collectif
Cet évènement est ouvert à tous·te·x·s

VENDREDI 11

Paraponera exposition
14:00 – 19:00 Espace d’art Forde

Exposition collective curatée par Outrage Collectif
Cet évènement est ouvert à tous·te·x·s

Bilans et perspective de lutte
18:30  Uni-Mail, salle M R080

Table ronde avec la présence de Douce Dibondo, Mame-Fatou Niang et Kaoutar Harchi, modérée par Paola Salwan Daher.

Depuis les perspectives afro-féministes, décoloniales, queer et la critique des nationalismes, les intervenantes discuteront des stratégies, des avancées et des obstacles des luttes antiracistes et dégageront quelques pistes théoriques et pratiques pour les luttes qui restent à venir.

La discussion aura lieu en français, avec une traduction anglaise.

Cet évènement est ouvert à tous·te·x·s. L’évènement est prix libre.

SAMEDI 12

Causette antiraciste
10:00 – 12:00  TU – Théâtre de l’Usine

Atelier BLED (Bibliothèque Limitrophe d’ébruitement Décolonial). Lecture de livres pour enfants pour discuter avec elleux de racisme.

Âge minimum 6 ans (âge indicatif à adapter selon les interrogations des enfants).

Sur inscription, écrire à : outrage-collectif@riseup.net 

Violences policières et brutalités d’État
13:00  Uni-Mail, salle M R080

Table ronde avec la présence de Angela (Justice4Nzoy), Inan Turkan/Toutée (Justice pour Ibo), Fatou Dieng (Vérité et Justice pour Lamine Dieng / Vies Volées / Réseau d’Entraide Vérité et Justice), Natalia Cuajy (Asile LGBT), modérée par Vista Eskandari.

Discussion croisée entre Suisse et France à partir des situations de proches et de victimes des violences étatiques qui touchent en particuliers les personnes racisées.

La discussion aura lieu en français, avec une traduction anglaise.

Cet évènement est ouvert à tous·te·x·s. L’évènement est prix libre

Luttes, de la rue au cinéma
18:00  Spoutnik cinéma

Projection de « Sol in the Dark » de Mawena Yehouessi, 52 min., suivi d’une discussion.

Cet évènement est ouvert à tous·te·x·s  L’évènement est prix libre.

Paraponera exposition
14:00 – 19:00 Espace d’art Forde

Exposition collective curatée par Outrage Collectif.

PARAPONERA PARTY!
22:00  – 05:00  Le Pneu

Live shows, special guests & Dj sets,…

DIMANCHE 13

Luttes, de la rue au cinéma
14:00  Spoutnik cinéma

« On ne peux plus rien dire » de Néhémie Lemal, 19 min. ,« Je ne suis pas » de Valentine Zhang, 4min., « SORORITÉ » de Hada Korera, 17min., suivi d’une discussion avec les realisateurices

16:45  Spoutnik cinéma

« Le hérisson noir » de Gemma Ushengewe, 25min.,  suivi d’une discussion.

Cet évènement est ouvert à tous·te·x·s L’évènement est prix libre.

C’est avec grande joie que nous vous invitons à partager avec nous les différents moments du festival qui seront sans aucun doute inoubliables !!!

 

 

EDITO

Who are we?                                       

A group of people whose lives are directly impacted by systemic racism both at the institutional level and in the daily life. We claim to be politically anti-racist and decolonial, working collectively towards self-determination and empowerment. 

 Why an anti-racist festival?                                      

As in 2018, we see a real lack of space for sharing, transmitting and meeting around political and decolonial anti-racism. We therefore proceed with our contribution to this political field in french-speaking Switzerland. 

The speakers and artists                                 

All of the invited speakers have experiences of racism and bring their critical analysis through their artistic expressions as well as their theoretical contributions and their experiences of struggle. We invite artists and speakers from local and international contexts. In this edition we will address issues of systemic racism, police violence, and strategies of struggle.                          

The venues 

Our choice was made according to different types of accessibility, both in terms of transportation and centrality, but also in terms of audience. We have thus chosen some places of the alternative and cultural life of Geneva for our activities but also the University in order to make happen in this place of power analyses and theoretical resources which are usually excluded from it.

The free price 

We are convinced that free or low-cost events allow a better accessibility to the public concerned by the topics we address and contribute to a better inclusiveness. However, it is essential for us to pay the people involved in the fight against the social condition to which they are assigned in order not to reproduce the existing inequalities in the world of work and in the valorisation of their knowledge.                                       

The framework 

The majority of the festival’s events are open to all, but we want to encourage and facilitate access to people directly affected by racism. We therefore encourage racialized people to take the front seats throughout the festival. 


THE PARAPONERA FESTIVAL 2022 PROGRAM 

THURSDAY 10

Paraponera exhibition
18:00 – 22:00  Forde Art Space

Opening of the group exhibition curated by Outrage Collectif

This event is open to all.

FRIDAY 11 

Paraponera exhibition
14:00 – 19:00  Forde Art Space

Paraponera group exhibition curated by Outrage Collective.

Reviews and prospects of the struggle
18:30 Uni-Mail, room M R080

Roundtable discussion with the presence of Douce Dibondo, Mame-Fatou Niang and Kaoutar Harchi, moderated by Paola Salwan Daher.  From Afro-feminist, decolonial, queer and nationalist perspectives, the speakers will discuss strategies, advances and obstacles of anti-racist struggles, and will identify some theoretical and practical avenues for the struggles that remain to be fought.

The discussion will be held in French, with English translation.

This event is open to all.

SATURDAY 11 

Antiracist chat
10:00 – 12:00 TU – Théâtre de l’Usine

Anti-racist talk BLED (Bibliothèque Limitrophe d’ébruitement Décolonial) workshop. Reading of children’s books to discuss racism with them.  

Minimum age 6 years (indicative age to be adapted according to the questions of the children).

On registration, write to : outrage-collectif@riseup.net

 More information online and on our networks.

Police violence and State brutality
13:00  Uni-Mail, room M R808

Police violence and State brutality Roundtable with the presence of Angela (Justice4Nzoy), Inan Turkan/Toutée (Justice for Ibo), Fatou Dieng (Vérité et Justice pour Lamine Dieng / Vies Volées / Réseau d’Entraide Vérité et Justice), Natalia Cuajy (Asile LGBT), moderated by Vista Eskandari  13:00 Uni-Mail, room M R080 Cross discussion between Switzerland and France based on the situations of relatives and victims of State violence that affect racialized people in particular.

The discussion will take place in French, with English translation.

This event is open to all. The event is free price.

Struggles, from the street to the cinema
18:00  Spoutnik cinema

« Sol in the Dark » by Mawena Yehouessi, 52 min. followed by a discussion.

This event is open to all. The event is free price.

Paraponera exhibition
14:00 – 19:00  Forde Art Space

Collective exhibition curated by Outrage Collectif.

PARAPONERA PARTY!
22:00 – 5:00  Le Pneu

Live shows, special guests & Dj sets…

This event is open to all. The event is free price.

SUNDAY 13

Paraponera exhibition
14:00 – 19:00  Forde Art Space

Collective exhibition curated by Outrage Collectif.

This event is open to all. 

Struggles, from the street to the cinema
14:00  Spoutnik cinema

« On ne peut plus rien dire » by Néhémie Lemal, 19 min., « Je ne suis pas » by Valentine Zhang, 4 min., « SORORITÉ » by Hada Korera, 17 min., followed by a discussion with the directors

16:45  Spoutnik cinema

« Le hérisson noir » (The black hedgehog) by Gemma Ushengewe, 25 min., followed by a discussion

This event is open to all. The event is free price.

 

It is with great joy that we invite you to share with us the different moments of the festival which will undoubtedly be unforgettable !!!

 

Justice4Nzoy : la violence d’Etat comme réponse à un besoin de soin

Discours lu à la manifestation « contre les violences policières » du 2 avril 2022 à Lausanne.

English version follows

Pourquoi sommes-nous là encore aujourd’hui? Nous sommes là aujourd’hui, car une personne a encore été tuée par des agents de l’État.
Nous sommes là aujourd’hui, car un homme afrodescendant a encore été tué par la police suisse.

Continuer la lecture de « Justice4Nzoy : la violence d’Etat comme réponse à un besoin de soin »

Hervé Mandundu – 5 ans après!

Ce samedi 6 novembre 2021, nous honorerons la mémoire d’Hervé 5 ans après son assassinat. Oui, car le 6 novembre 2016 Hervé Bondembe Mandundu était tué par un  policier à Bex, à son domicile. Il y a 5 ans, la famille et les proches d’Hervé étaient restés sans nouvelles jusqu’au lendemain du meurtre. Pas un mot. Pas une excuse. Pas une explication. La famille restera ensuite sans nouvelles jusqu’à l’annonce du procès fallacieux qui se concluera en faveur de ce policier et meurtrier, indemnisé à hauteur de CHF 35’000.-. Près de 5 ans après, ni la police, ni l’État ne leur auront formulé d’excuse.

Les États occidentaux et leurs polices créent des traumatismes collectifs à leurs résident·e·x·s, à leur résident·e·x·s racisé·e·x·s, à leur résident·e·x·s issu·e·x·s de l’immigration extra-européenne. Ils se défendent de leur présence en leur faisant – par tous les moyens – porter des stigmates et la honte de leur existence. Pendant ce temps, nous enterrons nos morts.

Puis, ils s’allient. La police, la justice, les médias s’accordent à salir la mémoire de celles et ceux que nous enterrons.

Ils créent un terrain hostile à nos deuils et érigent un mur entre nous et eux. Nous soutenons la famille d’Hervé qui a dû mener sa propre bataille quand cette alliance décrédibilisait la mémoire de leur fils et les circonstances et de son assassinat auprès de la population, cherchant toute raison pour rendre ce meurtre acceptable et légitime.

Les proches d’Hervé ont continué à l’honorer, à lutter pour la vérité et à le décrire comme il était vraiment, un homme qui ne méritait pas de mourir. Hervé était un frère et un fils soutenant, c’est un réel pilier pour la famille qui a disparu. C’est avec courage que cette dernière ne s’est pas réduite au silence auquel on a tenté de la soumettre et a clamé son désir de justice.

La famille fait face à l’impunité de ce meurtre raciste. Un meurtre raciste qu’il faut désigner en tant que tel, tant les victimes sont systématiquement non-blanches. Un racisme qu’il faut nommer, tant ces violences sont la continuité des pratiques institutionnelles envers les personnes en exil et leurs descendant·e·x·s. Des violences qui reposent sur des préjugés et qui redoublent lorsque les personnes ou leurs proches s’en défendent. Des violences spécifiques et meurtrières.

Nous le savons, la survie d’Hervé n’aurait mis en péril la vie de personne et n’exposait personne à la mort, ainsi il aurait pu être évité de le tuer.

Mais la justice tremble. La justice tremble devant les éléments probants incriminant le meurtrier, pendant ce temps-là, la famille lutte. A ses côtés, nous revendiquons la Vérité face au système judiciaire, qui refuse de remplir sa mission. Nous luttons pour leur fils et pour toutes les victimes de violences policières. Nous luttons, et c’est face à nous qu’elle tremblera.

Les représentants de l’État peuvent continuer à la rendre indicible, nous, la Vérité nous la connaissons, nous nous y accrochons et nous l’aurons!
Pour Hervé! Et pour son fils!

Après ces 5 douloureuses années, nous souhaitons saluer le combat pour la justice mené par la famille Bondembe Mandundu et les proches d’Hervé. Nous souhaitons d’ailleurs saluer le combat de toutes les familles.

La vérité pour nos morts est une lutte qui marque une vie. Pour toutes ces familles, pour les proches d’Hervé et pour votre combat pour la Verité, nous vous invitons à participer à la campagne virtuelle #VéritéPourHervé :

Le 6 novembre 2021 cela fera 5 ans qu’Hervé Mandundu a été assassiné par un policier.
Faites des banderoles ou des pancartes. Prenez-les en photo, vous pouvez aussi les accrocher à votre fenêtre. Envoyez-les nous sur instagram ou par mail outrage-collectif@riseup.net et postez-les le 6 novembre avec le hashtag #VéritéPourHervé

Vérité pour toutes les victimes de violences policières !

Justice pour Nzoy, Victime du Racisme d’Etat – Discours lu à Berne le 2 octobre 2021

Le 30 août 2021, à la gare de Morges, Nzoy, un homme afrodescendant de 37 ans, vivant dans le canton de Zurich, un frère, un fils, un cousin, un ami… a violemment été tué par la police.
Alors qu’il était en détresse, un policier lui a tiré 3 balles dans le corps, sans jamais lui prêter secours, le laisant gisant sur le sol pendant plusieurs minutes.
 

Continuer la lecture de « Justice pour Nzoy, Victime du Racisme d’Etat – Discours lu à Berne le 2 octobre 2021 »

Mort à Frontex ! – Discours lu à la manifestation du 10 septembre à Zürich

©Visuel de la manifestation Abolish Frontex, Zürich, 10.09.2021

Ce discours a été lu à la manifestation Abolish Frontex – Stop Deportation – Fight the Camp System à Zürich le 10 septembre 2021


Nos histoires sont liées à l’immigration de près et de loin.
Nous sommes solidaires avec les exilé·e·x·s de tous les pays. Iels pourraient être nos parents, nos grand-parents, nos cousin·e·x·s, nos ami·e·x·s…
Parce que nous sommes anti-impérialistes, nous condamnons les politiques d’asile de la forteresse Europe. Une politique occidentale qui dissocie l’accueil des personnes maintenues dans la misère par le pillage des matières premières de la destruction et la pollution des sols et des eaux qu’elle produit par son emprise sur les politiques locales, par son mépris des peuples des Suds. Tant de personnes ont fui leur lieu de vie à cause du manque de ressources, de perspectives d’avenir, par crainte de la répression de régimes soutenus par l’Occident.
Toutes sortes de raisons mènent à l’exil sans être reconnus comme des raisons valables pour obtenir l’asile en Europe.

Continuer la lecture de « Mort à Frontex ! – Discours lu à la manifestation du 10 septembre à Zürich »

LMPT – racisme et violences institutionnalisés

La Loi des Mesures Policières de lutte contre le Terrorisme (LMPT) est présentée comme un moyen de prévenir l’extrémisme violent, de détecter de façon précoce les signes de radicalisation et de lutter contre le terrorisme par le renforcement de la répression pénale et administrative. Elle donnerait une base légale pour que la police et la justice puissent aussi intervenir de façon préventive, c’est à dire sans qu’aucune infraction n’ait été commise, aucun préjudice, ni qu’aucun jugement n’ait été donné. Ici, les intimidations et les mesures pour l’exemple suffisent à se justifier.

Continuer la lecture de « LMPT – racisme et violences institutionnalisés »

Free Palestine – discours lu à la manifestation du 15 mai

Ce discours a été lu durant la manifestation du 15 mai 2021 à Genève, en soutien au peuple palestinien en lutte contre la colonisation israélienne et le régime d’apartheid qui lui est imposé.


Pour nous descendant.e.x.s de colonisé.e.x.s, militant.e.x.s décoloniaux et antiracistes révolutionnaires, la résistance Palestinienne a toujours été une boussole, un phare, une lumière dans la nuit de nos luttes. Nous avons grandi avec les récits de ces hommes et de ces femmes prêtes à tout sacrifier pour la liberté.

Nous nous inscrivons dans un processus d’internationalisme et de libération globale des colonisé.e.x.s. Nous soutenons les luttes d’émancipation et de libération des peuples opprimés au Kurdistan, en Colombie, en Palestine, en RDC, et partout sur terre.
Cette solidarité internationale est une stratégie de survie et de libération contre l’oppresseur, partout. Financé et soutenu par les états-Unis et l’occident, israël soutient en retour les pires régimes comme celui d’Ivan Duque qui mutile, tue et fait disparaitre aujourd’hui en Colombie avec des armes israéliennes.

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