Pourquoi un antiracisme politique ?

Notre conviction est que seul l’antiracisme politique permet de réellement combattre le racisme, car il s’agit tout autant de détruire le racisme d’Etat que de détruire le racisme ordinaire. Dans cette optique, il nous semble indispensable de se distancier de l’antiracisme moral qui ne parle qu’en termes de « bien/pas bien », mais ne donne pas de réelles solutions contre les micros ou macros attaques systémiques racistes, d’autant plus qu’il est totalement dépolitisant. L’antiracisme moral n’est que la perpétuation du racisme institutionnel, c’est un antiracisme qui n’a pas été choisi par les personnes concerné.e.x.s, tout comme la définition officielle du racisme d’ailleurs. Il peut tout au plus rendre « politiquement incorrect » l’utilisation d’insultes, ou de termes basés sur des préjugés et/ou des stéréotypes, clairement identifiés comme racistes. Mais empêcher l’utilisation de certains termes est loin d’être suffisant. Finalement, l’antiracisme moral en vient à précariser les personnes racisé.e.x.s au niveau structurel à travers différents organes de l’Etat (éducation, formation, justice, accès à la santé, etc.), car il vise uniquement les interactions interpersonnelles sans prendre en compte le contexte politique et les mécanismes racistes généralisés.

Lorsque nous parlons de mécanismes racistes, nous entendons notamment les attaques verbales ou non-verbales, conscientes ou inconscientes, souvent insidieuses contre lesquelles il est difficile de se défendre sans que l’on nous rétorque des « mais non ce n’est pas raciste » ou « mais on rigole, t’as pas le sens de l’humour ». Ces attaques, connues également sous le terme de « micro-agression », relèvent de propos ou de comportements implicites qui decrédibilisent, réduisent et renvoient à une susceptibilité imaginée et arrangeante par et pour les agresseur.euse.x.s.  Pourtant il s’agit bel et bien d’un racisme qui s’inscrit dans un continuum de violences ayant des conséquences dans la vie quotidienne des racisé.e.x.s. Il existe bien entendu d’autres formes de comportements racistes qui nous réduisent à notre condition sociale de racisé.e.x.s tels que le paternalisme, le mépris, l’universalisme, le colourblindness, le contrôle au faciès, etc, que nous comptons bien visibiliser et combattre.

L’antiracisme politique, auquel nous nous rattachons, tend à se réapproprier l’Histoire et à la transmettre aux personnes concerné.e.x.s, à se défendre et à détruire les mécanismes généralisés du racisme hérités des hiérarchies raciales produites par les précurseurs du capitalisme, puis entretenues et développées par la traite des êtres humains et le colonialisme occidental.

Ainsi, l’antiracisme auquel nous nous rattachons vise à combattre toutes les formes existantes de racisme ayant des conséquences concrètes et matérielles sur nos vies, et ce, autant au niveau individuel qu’au niveau collectif.