Justice et vérité pour Mike Ben Peter

English version below

Le 1er mars marque les 5 ans de la mort de Mike, tué par des policiers à Lausanne. Pendant tout ce temps sa famille est restée sans réponses sur les circonstances d’une mort qui n’a cessé d’être justifiée par les médias et les responsables politiques. L’année passée, c’était la commémoration des 5 ans de la mort de Lamin Fatty et de Hervé Bondembe Mandundu entre les mains de la police. A combien de commémorations devra-t-on encore assister ? Ces 5 ans ont été des années de luttes et le mouvement antiraciste dont nous faisons toustex ici partie, tant les collectifs que les personnes mobilisées, devient plus solide de jour en jour. Nous avons été à chaque fois plus nombreux.ses et plus fort.exs dans les rues, nous avons resserré les liens de solidarité et de complicité qui nous unissent en Suisse et ailleurs dans la lutte pour le droit à la vie, à une vie digne sans les violences et les humiliations que font subir la police, les douanes, l’administration, l’asile. Cette solidarité on la cultive au quotidien dans les lieux d’organisation politique, en manif, dans nos rues, dans nos lieux de vie. Chaque jour la Suisse humilie, frappe, maltraite, viole, expulse et tue, et chaques jours nous ripostons : nous nous organisons, nous mobilisons, joignons nos forces, et nous battons contre la suprématie blanche. Au lendemain de la mort de Mike, certains médias et personnalités ont diffusés de fausses informations mettant la responsabilité sur la victime. Une campagne médiatique menée par un réalisateur gaucho de pacotille demandait le durcissement de la répression envers les « dealers ». Depuis, la justice a disposé de cinq longues années pour monter un procès qui peut-être condamnera des flics mais ne condamnera jamais le système qui demande ces violences. Et même si les flics assassins sont condamnés, ce serait pour homicide involontaire. Un verdict amoindrissant pour une mise à mort en bande, mais toujours mieux qu’un acquittement, comme cela l’a été pour les flics qui ont tué Hervé Bondembe Mandundu. Le système judiciaire ne rendra à nos yeux jamais justice pour nos morts. Parce que lorsque les flics tuent dans les commissariats et dans la rue, lorsque les Securitas tabassent dans les foyers et les centres d’asile, c’est parce que cette société considère les personnes racisé.exs comme des nuisibles. Et ce ne sont pas des demi-mesures réformistes, des éléments de langage, des formations soi-disant antiracistes d’une demi-journée pour les flics en formation qui vont changer la donne. Ces 5 dernières années ont achevé de nous le confirmer : nous n’avons rien à attendre de la justice, nous devons nous défendre par nous-mêmes, mener des enquêtes indépendantes comme Justice4Nzoy le font. Parce qu’il faut le dire et le répéter : la violence et la raison d’être et le moteur de leur système d’exploitation. Parce qu’à chaque fois qu’ils se cachent derrière leurs mots techniques, juridiques et médicaux, nous savons ce que cela signifie. Lorsqu’ils parlent de « contrôle de rue dans le cadre d’une opération anti-drogue », nous le savons : ça signifie traquer, pourchasser et souvent violenter les hommes noirs dans les rues. Lorsqu’ils parlent de techniques de contraintes, nous le savons : ça implique une douleur physique et un sentiment d’impuissance face à des agents en armes qui ont tout le pouvoir. Lorsqu’ils parlent de plaquage ventral et d’immobilisation, nous le savons : ça signifie écraser une personne de plusieurs fois son poids, pouvant cause des dommages irréversibles et parfois la mort. On veut nous faire croire que tout ça c’est pour faire régner l’ordre, maitriser, contenir, immobiliser, garder la paix sociale. Mais toutes ces techniques et tactiques policières sont juste des manières légales d’exercer la violence sur les corps noirs et racisé.exs. Pour nous, la police est violente, rien que dans sa présence. Parce que nous demandons justice et vérité pour Hervé, pour Lamin, pour Nzoy, pour Alireza et toustex les autres. Parce que nous demandons justice et vérité pour la famille de Mike et ses proches.

English version : 

March 1st marks 5 years since Mike was killed by police officers in Lausanne. All this time his family has remained without answers on the circumstances of a death that has been justified by the media and politicians. Last year, it was the commemoration of 5 years since the death of Lamin Fatty and Hervé Bondembe Mandundu at the hands of the police. How many more commemorations will there be? These 5 years have been years of struggle and the anti-racist movement of which we are all part, both the collectives and the people mobilized, is becoming stronger every day. We have been each time more numerous and stronger in the streets, we have tightened the bonds of solidarity and complicity that unite us in Switzerland and elsewhere in the struggle for the right to life, to a dignified life without the violence and humiliations that the police, the customs, the administration, and the asylum system inflict upon us. This solidarity is cultivated daily in the places of political organization, in demonstrations, in our streets, in our places of life. Every day Switzerland humiliates, hits, mistreats, rapes, expels and kills, and every day we fight back: we organize, mobilize, join forces, and fight against white supremacy. In the aftermath of Mike’s death, some media outlets and personalities spread false information blaming the victim. A media campaign led by a “leftist” filmmaker called for a tougher crackdown on « drug dealers ». Since then, justice has had five long years to mount a trial that may condemn cops but will never condemn the system that demands this violence. And even if the murdering cops are convicted, it would be for involuntary manslaughter. A lesser verdict for a gang killing, but still better than an acquittal, as it was for the cops who killed Herve Bondembe Mandundu. In our view, the judicial system will never deliver justice for our dead. Because when cops kill in police stations and on the street, when Securitas beat up in homes and asylum centers, it is because this society considers racialized people as pests. And it’s not reformist half-measures, elements of language, half-day so-called anti-racist trainings for cops in training that are going to change the situation. The last 5 years have confirmed that we have nothing to expect from the justice system, and we must defend ourselves, to conduct independent investigations like Justice4Nzoy does. Because it must be said and repeated: violence is the raison d’être and the engine of their operating system. Because every time they hide behind their technical, legal and medical words, we know what it means. When they talk about « street control as part of an anti-drug operation, » we know: it means stalking, chasing, and often assault Black men on the streets. When they talk about restraint techniques, we know: it means physical pain and a sense of powerlessness in the face of armed agents who have all the power. When they talk about belly tackling and restraint, we know: it means crushing a person by several times their weight, which can cause irreversible damage and sometimes death. They want us to believe that this is all about order, control, containment, immobilization, keeping social peace. But all these police techniques and tactics are just legal ways of exerting violence on black and racialized bodies. For us, the police are violent in their very presence. Because we demand justice and truth for Herve, for Lamin, for Nzoy, for Alireza and all the others. Because we demand justice and truth for Mike’s family and loved ones.

Rest In Power Mike