Manifestation du 9 juin – compte rendu

La manifestation du mardi 9 juin a été un succès retentissant. 
On a pris la rue avec tous les aspects de nos vies. On s’y est recueilli, on y a dansé et crié. Nos poings ont fendu la pluie. À la mémoire des nôtres. Pour l’avenir des nôtres.
Il y avait plus de 30’000 personnes. Des milliers de pancartes, une centaine de banderoles.

C’est une menace claire. Le racisme anti-noir est sous pression. On ne s’arrêtera jamais de le combattre sous toutes ses formes.
On a vu le nom de celleux qui manquent brandis. On a scandé leurs noms.
On a pu admirer la dignité et l’engagement de la famille de Nicolas Manikakis. Tué par la police en novembre 2017, à quelques kilomètres d’ici, à Thonon. Sa mère nous a rappelé l’absurdité et l’horreur des crimes policiers.
On s’est arrêté-e-x-s devant Payot qu’on a hué pour leur réédition, « au nom de la nostalgie », d’un livre pédagogique raciste.
No Apologies a pris la parole, hurlé sa rage. Du harcèlement aux meurtres. La Suisse n’est pas la terre d’accueil que l’on croit et elle ne doit plus être une terre de deuil. La police tue. La police a tué Hervé Mandundu, Lamin Fatty, Mike Ben Peter et plein d’autres. On aimerait croire que ça n’arrivera plus. Qu’aujourd’hui on a dit stop et qu’on a été entendu. 
Mais ne nous voilons pas la face. La police va continuer son entreprise de mort. Le soir de la manifestation, des noir-e-x-s ont été controlé-e-x-s, fouillé-e-x-s et humilié-e-x-s à quelques pas de là où on dansait. La police faisant bien attention que personne ne les filme. Ces événements ne nous ont été rapportés que le lendemain. Si vous avez des infos à ce propos: contactez-nous.
On s’est arrê-e-x-s sur le pont du Mont-Blanc on a respecté un moment de silence le genou à terre. Des fumigènes ont été craqués. Arrivé-e-x-s dans le passage des Alpes, que l’on connaît pour sa capacité à faire résonner la colère populaire, on a demandé aux gens de s’accroupir avant de lancer un pogo dont on se souviendra longtemps. FUCK LE 17 de 13 Block a fait sauter tout le monde. Arrivé-e-x-s au parc des Cropettes on a éteint la sono pendant les prises de parole. On a ensuite dansé des heures. Le parc des Cropettes, connu pour son festival de Jazz de blanc, s’en rappellera.
Le lendemain de la manifestation, on a vu les éditorialistes de la place cracher leur mépris et leur dégout. Ils se sont permis de nous expliquer comment militer en nous montrant les écueils de notre soi-disant communautarisme. Ils rejoignent la LICRA dans les rangs de cet antiracisme moral que nous continuerons à combattre. Ils perdent leur capacité d’agir lorsque nous nous chargons nous-mêmes de notre émancipation. Ils voient une génération prendre son destin en main et se débattent comme des poulets sans têtes.
Qu’ils s’accrochent aux miettes de pouvoir qu’il leur reste, pendant que nous partageons le pain.
Outrage Collectif combat le racisme anti-noir avec férocité depuis plusieurs années et ce, sans concession. Nous sommes bien conscient-e-x-s que seul un changement radical de la société pourra nous permettre de l’éradiquer. Mais ce sont des objectifs précis et atteignables que nous devons mettre en avant. La lutte contre les violences policières en fait partie. Nous avons vu aux États-Unis et en France, l’efficacité de la colère de la rue. Seule la lutte paie. Abolissons la police, construisons des communautés fortes, capables de résoudre les problèmes de la vie collectivement. Faisons plier l’État, inscrivons-y la subversion nécessaire afin de reprendre le contrôle sur nos vies. Détruisons les politiques d’asile racistes qui mettent en danger et criminalisent les personnes en exil et laissent des mineurs à la rue. Nommons les responsables politiques de ces catastrophes et combattons-les sur tous les terrains.
Nous persisterons dans la construction d’un discours anti-raciste révolutionnaire et nous nous réjouissons de l’émulation actuelle autour du mouvement Black Lives Matter. Nous espérons fort y trouver de nouveaux-velles partenaires de lutte ! 
Un grand merci à BLM SwissRom, au collectif Amani, au collectif Afro-Swiss, la famille de Nicolas Manikakis, à No Apologies, aux allié.e.x.s, aux ancêtres.
Justice et vérité contre l’impunité