Improriviera ou le blackface dans nos rues !

Outrage a décidé d’écrire à Improriviera pour avoir imposé sa publicité raciste pendant des semaines dans les rues de Lausanne, Vevey et alentours.
 Comme attendu, nous avons eu une réponse plus que dégueu de son président où le déni le disputait à l’indécence.

Nous l’avons donc invité à chercher sa définition « propre » du racisme. En espérant qu’après l’avoir trouvé son coeur tienne. Encore faudrait-il qu’il la saisisse…

 

 

le mail à :
« Bonjour,
 
Comme vous ne semblez pas entendre les remarques que l’on vous fait et au vu de vos justifications et excuses approximatives, nous nous permettons de refaire le travail qui a déjà été fait maintes et maintes fois. Vous ne semblez en tout cas pas avoir honte de prendre de la charge émotionnelle et temporelle aux personnes à qui vous faite subir votre racisme décomplexé, ça c’est sûr.
 
Non ce ne sont pas des fabulations de quelques fanatiques,  mais la parole de personnes concernées que nous vous faisons parvenir. 
 
Nous ne croyons pas à la maladresse de l’annonce de votre événement sur laquelle vous avez fait le choix d’y exposer des personnes à majorité blanche avec le visage peint en noir, pratique connue sous le nom de blackface.
 
Nous savons qu’un affichage public largement diffusé implique une mûre réflexion, ainsi nous pouvons en constater le résultat : vous avez délibérément choisi d’affirmer votre rapport différencié aux corps et votre facilité à banaliser le fait de chercher à calquer l’apparence – selon vos représentations – de ces mêmes personnes que vous discriminez.  
 
En propageant une telle image, vous perpétuer l’incitation et le droit de réduire des corps racialisés négativement. Car oui, hier, aujourd’hui, demain et quelques soient les évolutions de la liberté d’expression, la pratique du blackface est, comme déjà dit et redit, raciste. Vous avez déjà lu, entendu des reproches faits à cet égard et vous avez fait le choix de maintenir sa diffusion. Retirer les affiches de blackface d’internet ne vous exempt pas de vos responsabilités, pour cela il aurait fallu les faire rapidement disparaître et vous excusez publiquement à défaut d’avoir déjà commis cet affront.
 
Vous reproduisez par vos représentations une pratique de grimage populaire amplifié pendant les périodes de l’esclavage étasunien, des colonies et de la ségrégation raciale, où on pouvait trouver des spectacles (Ministrel shows)  dans lesquels des personnes blanches là-encore usaient du blackface pour tourner au ridicule des personnes noires en mettant en lumière leurs fantasmes et images stéréotypées dégradantes et déshumanisantes en tant que blanc.he.x.s.
 
Vos actes réduisent des réalités sociales, car non être noir.e.x.s n’est pas un jeu. Ce n’est pas un habit ou un déguisement qu’on peut enlever avec lassitude. Etre noir.e.x.s en occident, c’est avant tout être discriminé.e.x.s dans son quotidien, c’est faire l’expérience de la violence d’Etat et systémique dont les conséquences réelles se révèlent notamment dans l’accès au logement, l’accès à la formation, à l’emploi, à la santé et à l’espace public.
 
Nous rappelons que la domination et la violence faite sur les corps noirs ne sont pas le fruit du hasard, mais une invention « de la race noire » qui s’est en premier lieu manifestée à travers la traite humaine et la servitude,  au profit de l’occident et du capitalisme.
 
Si vous manquez de représentations dans vos équipes, réfléchissez plutôt à votre inclusivité au lieu de reproduire des caricatures racistes. Mais qu’allez-vous donc proposer à vos spectateurs ? Et à qui s’adresse se festival ? Vous trouvez ça drôle ? Mais de quoi rit-on ?
 
Peu importe vos intentions, faire du blackface, de plus dans un cadre artistique, n’est ni anodin ni vide de sens. Nous vous invitons donc à poursuivre vos réflexions sur la question et à remettre en question vos privilèges.
 
Allez salut !
 
PS : voici le lien (en anglais) d’un texte ecrit par la « European Race and Imagery Foundation » (ERIF) répondant point par point aux objections (toujours les mêmes) données systématiquement en réponse aux campagnes anti-blackface – https://erifonline.org/learning-resource-centre/faqs-on-racist-imagery/. »
Outrage Collectif