Jupiter est un collectif de soutien aux prisonniers victimes de la police, la majorité des membres du collectif sont des personnes noires.
Jupiter is a collective of support for prisonners victims from the police, the majority of the collective members are Black people.
ENGLISH BELOW
« Depuis des jours, des mois, des années, nous voyons des ami.e.s disparaître pour quelques jours,quelques mois, quelques années. Tous les jours, des personnes se font arrêter, puis emprisonner. En fait, pour beaucoup, nous ne les voyons même pas. Sans papier de séjour valable en Suisse, quand bien même certain.e.s détiennent des documents délivrés par d’autres pays d’Europe leur permettant de voyager, ielles sont considéré.e.s comme« illégaux » , une voie directe permettant d’envoyer une catégorie de personnes en prison, une catégorie de personnes que le système invisibilise jusqu’à les faire disparaître en cellule. L’isolement est une des armes de la répression.
Depuis l’hôtel de police jusqu’à la prison, tout est mis en place pour que la personne arrêtée n’ait aucune ressource. A Lausanne, cela commence toujours par une détention à la zone carcérale de l’hôtel de police ou du poste de gendarmerie de la Blécherette, des lieux de non-droit, où les conditions de détention relèvent de la torture. Les personnes arrêtées se font régulièrement tabasser dans les cellules, humilier, menacer de mort et médicaliser de force. Les cellules sont éclairées 24 heures sur 24, une caméra filme en permanence, aucune lumière du jour pas de droit de visites, aucune traduction des lettres officielles reçues, et aucune information, à part celle selon laquelle il n’y a pas de place en prison, et qu’il faut attendre… La durée légale maximale de détention à l’hôtel de police est de 48h, pourtant beaucoup restent entre 15 à 30 jours. Puis ensuite, la détention en prison. A l’intérieur, nul ne sait quand il va sortir. Mois après mois. les jours avant la sortie prévue, les maton.e.s apportent de nouvelles lettres rajoutant des jours de peine, suite à des décisions que le / la procureur prend au gré de ses envies, pendant que la personne reste emprisonnée. Si elles n’ont pas de possibilité de contact avec l’extérieur, les personnes arrêtées et embarquées disparaissent, pour quelques jours, quelques mois, quelques années.
Tous les jours, la police harcèle des personnes racisées dans la rue. Tous les jours, la police frappe, tabasse et torture des personnes, à l ‘abri des regards, dans leur voiture dans des buissons, dans des ruelles, en raison de la couleur de leur peau. Les flics entrent dans les transports publics, et ordonnent uniquement aux personnes noires de sortir pour un contrôle. Ielles entrent dans des restaurants d’Afrique de l’Ouest, pointent des gens au hasard et les font sortir pour les fouiller. Des patrouilles débarquent en nombre en ville, et dans la rue, interpellent des personnes noires, les alignent contre le mur en les encerclant, parfois menottées, leur demandent leur papier de séjour et les fouillent. Lors de nombreux contrôles, ielles prennent les papiers de séjour, les détruisent, et volent l’argent que les personnes ont sur elles. Parfois les flics se dirigent juste vers des personnes et les gazent avec leur spray au poivre en leur ordonnant de partir.
Face à cette situation, face au silence, face à l’invisibilité que l’Etat met en place, nous voulons parler, nous voulons montrer. Nous avons constitué ce groupe suite à ce que nous voyons, avons vu et pour certain.e.s d’entre nous, avons directement vécu. Nous avons décidé d’organiser ces événements, tout d’abord pour pouvoir réunir de l’argent afin d’apporter un soutien financier à ceux qui en auraient besoin, notamment en prison. Par exemple, le simple fait de pouvoir acheter des cartes de téléphone permet d’avoir un contact avec l’extérieur. Nous voulons également diffuser des informations, et finalement, nous prenons ce temps pour nous réunir, nous retrouver et penser à ceux et celles qui ne sont pas là.
L’isolement est leur arme, brisons l’isolement. »
Texte écrit en décembre 2017 par JUPITER COLLECTIF toujours d’une grande actualité étant donné le climat lausannois actuel. Depuis l’entrée en vigueur du nouveau plan de renforcement de la présence policière en uniforme le 25 juin 2018, de nombreux témoignages de profilages raciales, d’actes intentionnels d’humiliation et autres atteintes à l’intégrité physique et moral des personnes noires sont quotidiennement rapporté – Outrage Collectif »
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« Since some days, some months, some years, we see our friends disappear for some days, some months, some years. Everyday, people get arrested, and imprisoned. Actually, for a lot of them,we don’t even see them. Without residence paper in Switzerland, even though some of them have documents in others european countries that allow them to travel. they are considered as « illegal » , a straight way that allow to send a category of persons in prison,a category that the system makes invisible, until reaching the point to make them disappear in cell. An isolation is one of the weapon of the repression.
From the hotel de police until the prison, everything is settled for the person arrested not to have any ressources. ln Lausanne, it always begin with a detention in the hotel de police or in the police station in Blécherette, places where anything can happen, where the conditions of detention are torture. The people that get arrested are regularly beaten up in the cells, humiliated, threatened with death, and they receive medicine by force. The cells have light 24 hours per day, a camera films permanently, there is no light from outside, no rights to receive visits, no translation of officials letters. and no informations, apart from the one that there is no places in prison, that they must wait… The legal time to stay in custody in the hotel de police is 48 hours, however, for a lot of people, they will stay there between 15 and 30 days. Then cornes the detention in prison. Inside, nobody knows when he/she will go out. Months after months, the days just before they would have go out, the screws bring new letters, that will add days in custody, because of decisions that the prosecutor takes as he likes, white the person remains in prison. If the persons arrested don’t have any contact with outside, they disappear, for sorne days, sorne months, some years.
Everyday, police harasses people in the streets on racial profiling basis. Everyday, police beats up and tortures people, where nobody can see, in their cars, in the bush, in small streets, just because of the color of their skin. The cops enter in the public transport. and order only black people, to go out for a control. They enter in West-African restaurants, pick persons randomly and make them to go out to search them. Patrols come with many cops in the city, and in the street, arrest black people, put them against a wall, sometimes with handcuff. and they surround them, ask for documents. and search them. During many controls, they take the documents, destroy them and steal the money that people have with them. Sometimes, cops just go toward people and use pepper spray, ordering them to leave the place.
In front of this situation, in front of the silence, in front of the invisibility that the State establishes, we want to talk, we want to show. We made this group from what we saw, or, for some of us, experienced. We have then decided to organise events, first of all to be able to gather money to bring financial support, particularly in prison but not only. Because the simple fact to be allowed to buy phone card brings back the contact with the outside world or family who otherwise don’t get news. We also want to diffuse informations, and finally, we take this time to gather, to find ourselves together, to think about people that are missing.
Isolation is their weapon, let us break isolation.«
This text, written in December 2017 by the JUPITER COLLECTIF , is still of very relevant now, seen the present general state of things in Lausanne. Since the new plan on June 25th 2018 to reinforce police presence in uniforms entered in force, numerous testimonies of racial profiling, of intentional acts of humiliation and other violations of black person’s physical and moral integrity are being reported on a daily basis – Outrage Collectif.