©Visuel de la manifestation Abolish Frontex, Zürich, 10.09.2021
Ce discours a été lu à la manifestation Abolish Frontex – Stop Deportation – Fight the Camp System à Zürich le 10 septembre 2021
Nos histoires sont liées à l’immigration de près et de loin.
Nous sommes solidaires avec les exilé·e·x·s de tous les pays. Iels pourraient être nos parents, nos grand-parents, nos cousin·e·x·s, nos ami·e·x·s…
Parce que nous sommes anti-impérialistes, nous condamnons les politiques d’asile de la forteresse Europe. Une politique occidentale qui dissocie l’accueil des personnes maintenues dans la misère par le pillage des matières premières de la destruction et la pollution des sols et des eaux qu’elle produit par son emprise sur les politiques locales, par son mépris des peuples des Suds. Tant de personnes ont fui leur lieu de vie à cause du manque de ressources, de perspectives d’avenir, par crainte de la répression de régimes soutenus par l’Occident.
Toutes sortes de raisons mènent à l’exil sans être reconnus comme des raisons valables pour obtenir l’asile en Europe.
Les pays impérialistes détruisent et instrumentalisent les structures sociales traditionnelles et leurs différents mode d’organisation au profit d’un système capitaliste qui sert principalement l’Occident. Ce système n’est pas nouveau ! Il est la continuité de la colonisation, qui passe par la dette et l’implantation de multinationales et qui maintiennent les pays des Suds dans un rapport de dépendance.
Être anti-impérialiste en Suisse, c’est être contre la politique d’asile, contre les banques qui contiennent l’argent du vol, contre la vente d’armes à des pays qui assassinent leur peuple.
En Suisse, on entretient le mythe de l’humanitaire. Mais, comme nous l’avons déjà dit au moment de la venue de Biden et Poutine : les étranger·e·x·s pauvres, celleux qui ne sont pas venus en costume et en jet privé, la Suisse les accueille parfois, mais bien souvent à bras fermés. Iels doivent se battre pour s’installer et vivre ici et en même temps on déroule le tapis rouge pour tout les plus grand·e·x·s méchant·e·x·s.
Et, à Genève se construit aujourd’hui un centre de renvoi, le centre du Grand-Saconnex, collé à l’aéroport. On sait déjà que les centaines de personnes qui y seront, seront enfermées, que le centre aura un commissariat, et que les violences y seront systématiques. Comme à Boudry, comme aux Verrières, comme dans tout les autres centres fédéraux où les securitas frappent et laissent les gens mourir de froid ou juste mourir… Loin des regards, le plus loin des villes possible. L’Etat suisse ferme les yeux et préfère laisser torturer dans ses centres pour pousser le plus de personnes dans la clandestinité, pour réduire les coûts.
Car oui, enfermer les personnes en exil est un business qui rapporte ! Ce n’est pas pour rien que l’entreprise ORS – qui gère plusieurs centres – a été fondée par plusieurs ancien·ne·x·s conseiller·e·x·s fédér·aux·ales et nation·aux·ales.
Comme disait le rappeur Muchach (Rest In Power) « La suisse te ment, parle d’ouverture, mais préconise l’enfermement ». Il est un outil de gestion et de tri, nos prisons sont remplies de sans-papiers. On le voit bien que les flics, la justice et les administrations travaillent main dans la main à défoncer leurs vies. Ce système est toujours plus violent, il enferme des hommes, des familles, puis des enfants. Quand ce n’est pas le cas, l’Etat trouve d’autre moyen de casser les solidarités : l’isolement. Les centres d’hébergements sont excentrés, exclus d’espace de sociabilisation, jusqu’à être construits dans des zones industrielles, dans des campagnes, des montagnes…
Les frontières de la forteresse Europe sont racialisées.
Et ce cynisme, cette hypocrisie, cette avidité, cette violence n’est pas propre à la Suisse ! L’Europe en général pense de la même manière. Cette manif parle de Frontex. Cette agence – bien représentative de l’industrialisation du contrôle des corps et des vies des personnes exilées – laisse mourir des milliers de personnes au nom de la ‘sécurité’, enferme dans des camps insalubres dans les périphéries de l’Europe, à Lesbos et à Moria, en Libye et au Niger. Les frontières de la forteresse Europe sont racialisées. Le continent le plus riche se repose sur l’exploitation sans vouloir en assumer les répercussions.
On a beaucoup parlé de la situation en Afghanistan. Ce pays, comme tant d’autres, vit le drame de trop de pays cibles de l’avidité internationale. Les agressions impérialistes des anglais, des soviétiques, puis des yankees – soutenus par tant d’autres – ont mené à la situation actuelle. En Europe, on a vite oublié les troupes alliées qui ont soutenu la dévastation et qui ont participé à la situation actuelle. Ceux et celles qui se cachent derrière les droits humains pour justifier les interventions militaires, sont souvent les mêmes qui refusent l’asile ou qui décident de qui est légitime d’être réfugié·e·x·s.
Nous refusons le choix fait par certain·e·x·s de demander de n’accueillir que les femmes afghanes. Un choix qui en dit long sur le regard que la blanchité porte sur les hommes orientaux. Pourtant on sait bien où mène ce fémonationalisme. Celles que vous voulez sauver aujourd’hui, ne sont-elles pas celles que vous pousserez à se dévoiler demain?
Et puis, n’identifier que des femmes, c’est aussi refuser le statut de victimes à bien d’autres identités minorisées.
Pour qui se prennent-ils pour s’octroyer le droit d’être juges, bourreaux et justicier·e·x·s ?
Nous exigeons la fin de l’arbitraire dans le choix des personnes qui ont le droit de vivre !
Pour tous les harragas, pour celleux qui fuient les bombes et les armes que la Suisse vend !
Mort à Frontex !
Mort aux centres fédéraux !
Vie aux exilé·e·x·s !
Outrage Collectif