Afrofem contre police

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La violence d’État anti-noire la plus visible en Suisse, est celle faite sur les hommes noirs par la police. 
 
Si la question de classe et de la couleur de peau a une place cruciale dans la criminalisation des personnes, la question des genres a elle aussi sa spécificité de violence.  Alors bien que nous ne soyons pas des mecs cis noirs, nous pouvons voir comment l’État nous astreint à subir sa brutalité, de manière frontale ou subtile.

Alors nous voulons aujourd’hui, en tant qu’afroféministes (d’Outrage Collectif), affirmer et visibiliser nos sœurs, nos frères trans et les autres personnes non binaires de la communauté. 
 
Nous aimerions vous rendre attentifs et attentive·x·s, une fois de plus, au fait que la police et la justice ne sont pas neutres: elles ont bien un maître, qu’elles reconnaissent et servent!
 
Lorsque ces structures étatiques exercent le maintien de l’ordre, elles le font avant tout pour préserver les intérêts des classes à l’économie prospère et expansive, ainsi qu’une politique bourgeoise. Les idées, messages et dispositions qu’elles mettent en places sont racistes, classistes et patriarcales.
 
Les sanctions de l’État à notre encontre ne seront jamais pour notre bien ou pour notre sécurité en tant que personnes noires. 
 
Lorsqu’il y a des campagnes sur le harcèlement de rue ou sur la protection de « nos filles », comme le disait le slogan paternaliste placardé partout dans les rues, nous savons que nous ne faisons pas partie de leur addition des contribuables au changement, autant à cause nos couleurs que l’invisibilisation de nos genres. De plus, ce genre de campagnes axées sur le harcèlement de rue, vise en premier lieu les marginalisé·e·xs de la société (les racisé·e·x·s, les pauvres et les immigré·e·x·s, ghettoisé·e·x·s) en libre circulation dans la rue. Ces populations sont celles sur qui on calque tout l’imaginaire de l’altérité: l’autre sans éducation, l’autre qui n’a pas la même culture et donc potentiellement dangereux dans un espace où il est en tout droit d’agir et d’être. Comme si c’était là qu’il fallait civiliser et éduquer contre le sexisme. Or le sexisme est déjà là, dans l’entreprise de restauration à côté de votre immeuble. Il est partout où les corps subissent une oppression intersectionnelle de race, de classe, de validisme et de genre sous le patriarcat! 
 
On le rappelle, les plus exploité·e·x·s du système capitaliste seront également les plus violenté·e·x·s par l’Etat et sa police.
 
Pour ne citer que quelques exemples :
 
Il n’y a pas si longtemps, nous pouvions lire dans la presse qu’une femme noire s’était faite tabasser à l’expulsion d’un squat par la police. Expulsion qui avait pour appui un renfort d’une cinquantaine d’agents antiémeute qui sont entré·e·x·s de force dans la maison. On a pu lire dans la presse qu’elle avait « été frappée dans le fourgon, puis dans une voiture banalisée. Un constat médical démontre la présence de multiples hématomes. ». Le tribunal de police n’a tenue compte d’aucune accusation, que ce soit celle de l’abus d’autorité ou celle de provocation de lésions corporelles. Quant à la jeune femme, également prévenue dans cette affaire, elle a été condamnée à 90 jours-amendes à 30 francs. 
 
Un autre exemple, lors d’une manifestation festive, des agents de police municipaux ont fait une intervention et suite à une altercation, ont déclaré avoir été victime de violences verbales et physiques de la part de quelques individus parmi une foule d’une centaine de personne de  « la mouvance autonome genevoise ». Dans cette affaire, seule une femme noire a été poursuivie. La scène décrite montre des bousculades et un agent pris par le cou. Mais seule une femme noire a subi plus de 3 ans de poursuites avec une condamnation pénale pour « injures » et violence, pour enfin être acquittée suite à son opposition.
 
Encore un autre cas malheureusement: 
Une femme noire a demandé à ce que la police puisse la raccompagner au moins sur 100 mètres après avoir vécu une agression. Sur quoi la police a répliqué avec minimisation et mépris : « Ce n’est pas notre travail Madame ». 
 
Nous avons bien reçu le message de la relégation de notre humanité. Mais la question qui reste alors en suspens, d’ailleurs soulevée également par le collectif afroféministe MWASI, est celle de savoir : qui est-ce qui nous protège de la police ?
 
AFC-OC
Afrofem against the police
The most visible state violence against black people in Switzerland is the one perpetrated against black men by the police.
 
If class and skin color have a crucial role in the way people are criminalized, the question of genders has also its specificity in violence. Although we are not cisgender black men, we can see how the State compels us to be subjected to its brutality, whether frontally or subltly.
 
That is why today, as afrofeminists (from Outrange Collective), we want to affirm and visibilize our sisters, our trans brothers and non-binary people of our community. 
 
We would like you to be aware, once again, that the police and the justice are not neutral: they do have a master, that they recognize and serve.
 
When these state structures aim at maintaining order, they do so above all to preserve the interest of the classes that have a prosperous and expansive economy, as well as a bourgeois policy. The ideas, messages and provisions they put in place are racist, classist and patriarchal.
 
State’s sanction against us will never be for our good or our safety as black people.
 
When there are campaigns against street harassment or for the protection of « our girls », as written in the paternalist slogan plastered all over the streets, we know we are not part of their taxpayer’s addition to change, both because of our colors and the invisibililization of our genders. Moreover, this type of campaign focused on street harassment, primarily targets the marginalized people of this society (the people of color, the poor and the immigrants, the ghettoized) in free circulation in the street. These populations are the ones on whom we trace the entire imaginary of otherness: the other without education, the other who does not have the same culture and therefore is potentially dangerous in a space where he has all the rights to act and to be. As if it was there where we needes to civilize and educate against sexism. Yet, sexism is already here, in the restaurant business next to your building. It is everywhere where bodies undergo an intersectional oppression of race, class, ableism and gender under patriarchy!
 
As a reminder, the most exploited by the capitalist system will also be the most abused by the State and its police.
 
To name just a few examples:
    
Not so long ago, we read in the press that a black woman was beaten up by the police when she was expelled from a squat. An expulsion with the support of about fifty riot officers who entered the house by force. It was reported in the press that she was “hit in the van and then in an unmarked car. A medical report shows multiple hematomas”. The police court did not take into consideration any charge, neither an abuse of authority charge nor a charge for causing bodily harm. As for the young woman, also accused in this case, she was sentenced to 90 days-fines at 30 francs.
 
Another example, during a festive demonstration, municipal police officers made an intervention and following an altercation, they reported that they had been the victim of verbal and physical violence by a few individuals among a crowd of about a hundred people from “Geneva’s autonomous movement”. In this case, only a black woman was prosecuted. The scene depicted includes pushing around and an officer caught by the neck. But only a black woman has been prosecuted for more than three years with a criminal conviction for “insults” and violence, and finally acquitted following her opposition.
 
Yet another case unfortunately: 
A black woman asked the police to walk her home at least 100 meters after having been assaulted. On which the police replied with minimization and contempt: «This is not our job Madam».
 
We have received the message of the relegation of our humanity. But the question that remains unsolved, which has also been raised by the afrofeminist collective MWASI, is to know: who protects us from the police?
 
AFC-OC